Il fallait bien une ritournelle de Ferré, en fond sonore imaginaire, pour égayer mon propos, faire du beau, à mon sens, avec du très laid, du plastique sous toutes ses formes, tous ses codes, et sa situation de déchet ultime catastrophique. J'ai débuté une collecte sauvage de tout le plastique que je trouvais pour en faire d'abord des tas afin d'éveiller mes concitoyens à l'ampleur du fléau. De mes pérégrinations, je ramenais également des structures d'abats-jours devenues elles-aussi obsolètes. J'ai commencé à réunir les deux, pour gagner de la place, et pour faire œuvre depuis ma modeste place, avec ces signes de notre folie instituée, éternisée. C'est un long travail de tissage, nouage, perçage, découpage, assemblage, avec un sentiment permanent d'inutilité du projet, d'étouffement par noyade dans cet océan de produits pétrochimiques. Le chatoiement obtenu, dans une nuit commune, donne un petit air de fête à la parade des déchets de notre société plastifère.