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Une jeune femme m’accueille, sans dire un mot d’abord. Je la reconnais aussitôt : une artiste célèbre dans les cercles universitaires, diplômée d’arts, souvent citée comme la voix féminine la plus libre et transgressive de sa génération. Je l’avais vue en conférence, l’écoutant parler du corps, de la vérité à travers la forme, du regard féminin qui déconstruit l’érotisme traditionnel. Jamais je n’aurais cru la croiser ici. Elle me regarde droit dans les yeux. Son regard est calme, mais intense, presque brûlant. Sans dire un mot, elle me tend une feuille vierge et un fusain. Il me faut dessiner. Offrir une vérité nue en échange de l’accès. Je sens ma main trembler. J’ai peur. Pas de mal faire — mais de dire trop vrai. Je dessine ce que je n’ose jamais dire. Ce qui vit entre mes ombres, mes désirs, mes refoulements. Ce que je cache même à moi-même. Quand je lève les yeux, elle hoche lentement la tête. Elle sait. Elle reconnaît. Et, sans un mot, elle me laisse passer. Je viens d’entrer dans un lieu dont on ne sort pas tout à fait intacte.