Dans l’atelier de Dominique Cagnati

Dans l’atelier de Dominique Cagnati, même les torchons avec lesquels il essuie ses doigts maculés de peinture sont des œuvres d’art. L’homme est ainsi, il laisse son empreinte, la marque d’une main que l’on retrouve au dos d’un tableau, sur le tronc d’un arbre, mais aussi constellant certaines de ses toiles. Traces d’un héritage ancestral, où la peinture rupestre s’érigeait en art parfait, les mains de Dominique s’emparent de la peinture acrylique pour en faire une matière vivante. Découvrir l’univers de ce tout jeune artiste gascon, à peine 44 ans, c’est choisir de pénétrer un travail mêlant les sens. En touchant ses toiles, une émotion jubilatoire se dégage du relief né sous la main de l’homme. Déjà le tableau semble raconter son histoire, son voyage... Il émane de lui une vibration d’une étonnante sensualité.

Dominique Cagnati ignore le pinceau, ses doigts sont l’instrument de cette création. Il plonge dans les pots de peinture, retrouvant un contact charnel avec son imaginaire. Ses mains se promènent, malaxent, modèlent, se battent contre la texture, dessinent des volumes. Pour un tableau de 1,20m sur 1,60 m, dix kilos de peinture peuvent être ainsi malmenés jusqu’à la perfection. De son passé de maître-verrier et de ses origines vénitiennes, Dominique Cagnati a conservé un sens aigu des couleurs. Si longtemps sa peinture a été flamboyante, désormais il tend vers une fausse apparence de monochromie, atteignant le cœur même d’un noir, d’un bleu, d’un rouge. Si dans un premier temps, la couleur rassure, par la suite elle intrigue, elle happe le regard. Se pencher sur une de ses toiles, c’est ouvrir son inconscient, lâcher les amarres pour se perdre ailleurs. Son cheminement lui a permis d’évoluer de la peinture de chevalet jusqu’à « The Travel », une plongée dans l’imaginaire, dans le "non-dit". Certaines toiles semblent en fusion, d’autres exhalent un parfum de mystère, comme une impression de toucher à l’essentiel. Pour Dominique Cagnati, on atteint ainsi une forme de « vacuité spirituelle », permettant aux émotions de s’exprimer librement en conduisant le spectateur à un état de bonheur, de sérénité.

« L’oeuvre vit à travers ce que l’on ressent et à travers le toucher, à travers la lumière qui la fait évoluer, la couleur, la force et le reflet qu’elle nous laisse » se plait à résumer cet artiste surdoué.

Puyjalon Nicole