YANIL

Au soir, à l’ombre d’un tilleul mourant, Deux vieilles dames assises, papotent. Côte à côte, leurs vingt doigts tricotent, Un regard aux mailles, l’autre aux enfants courant. "Comment s’appelait-il donc ce petit mitron ? T’en souviens-tu Germaine ? Le fils au vieux Léon… " Les aiguilles cessent un instant leur ouvrage, Un triste sourire assombri son visage. René, il s’appelait René, Beau comme les Dieux Grecs que l’on vit au musée "Ah oui c’est çà, René… C’était bien cette visite, On pourrait y r’tourner si j’ai pas trop d’arthrite…" Ils s’étaient aimés tout au long d’une nuit, Aimés pour un instant qui semblait une vie. "Et bien Germaine, tu n’ tricotes plus ma belle ? Ce ne sera jamais prêt, jamais avant Noël…" Il l’embrassa longtemps juste avant de partir, Ah, ses cheveux blonds, ses boucles et ce sourire... Je reviendrai ma tendre, ma douce, c’est promis ! Je t’attendrai Amour ! Et je l’attends ici… Ce soir, à l’ombre du tilleul sans fruits, Une vieille dame de dix-sept ans, Tricote en pleurant doucement, Sans bruit…

Maelis

Toujours de si beaux textes.